PRIORITÉ : LA LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Depuis quelques années, la lutte contre la discrimination sur le marché du travail demeure l’une des priorités d’action de Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne. Cela s’explique par le fait que le marché du travail est le premier secteur où se manifestent les problèmes de droits et libertés.
SJDP a voulu une évaluation de tous les motifs de discriminations au travail dans sa région. Pour se faire, SJDP a mandaté la firme Léger afin d’évaluer tous ces motifs à partir de ceux énumérés à l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne. Les résultats du sondage ont confirmé que l’âge et le sexe sont les motifs de discrimination les plus importants.
En effet, la discrimination au travail la plus fréquente porte sur l’âge. Selon le sondage, 28 % des répondantes déclarent avoir été victimes (8 %), ou témoins (23 %) de discrimination au travail en raison de ce motif. Par ailleurs, on remarque que les femmes sont proportionnellement trois fois plus nombreuses à rapporter avoir été victimes de discrimination liée à l’âge (12 %). Elles sont les seules victimes en raison du sexe (11 %) et 8 % d’entre elles ont été victimes de discrimination en raison d’une grossesse. Sans hésitation, l’équipe de SJDP a donc choisi de privilégier ces trois motifs de discrimination pour sa campagne sociétale.
Rapport pré-campagne Léger
La discrimination au travail selon le sexe
Pour SJDP, la lutte pour l’égalité homme/femme sur le marché du travail en région a fait l’objet d’une attention particulière au cours de l’année 2018-2019. Pour certains, l’égalité des droits entre les hommes et les femmes sur le marché du travail aurait beaucoup progressé depuis quelques décennies. Cependant, nous avons remarqué que même si des changements surviennent, la présence de défenseurs des droits de la personne est requise pour vraiment accélérer les choses. Pour se faire, SJDP a bénéficié d’une subvention du Secrétariat à la condition féminine du gouvernement du Québec.
C’est donc à partir d’un sondage et d’un rapport d’analyse réalisés avec la firme Léger que notre organisme a été en mesure de réaliser une véritable campagne sociétale de mobilisation. Fait intéressant, les résultats obtenus par cette campagne ont été mesurés par le moyen d’un second sondage. Ces résultats se retrouvent dans un rapport d’évaluation.
Nos priorités
Message 1 de cette campagne sociétale
Message 2 de cette campagne sociétale
Le questionnaire du second sondage a été élaboré par les professionnels de Léger, en collaboration avec la direction générale de SJDP. L’outil était composé d’une vingtaine de variables, incluant les questions sociodémographiques. Afin de redresser les déséquilibres et de rendre l’échantillon représentatif de la population étudiée, les données brutes de l’étude ont été pondérées en fonction de la distribution réelle de la population selon l’âge, le sexe et la municipalité de résidence d’après les données du recensement. Le sondage a joint plus de 400 répondants de la région.
Rapport post-campagne Léger
La discrimination au travail selon l’âge
Les préjugés envers les personnes âgées sont nombreux. Encore aujourd’hui, on n'hésite pas à présenter les personnes âgées comme un poids pour la société. Cette stigmatisation menace leur droit au travail même si les employeurs doivent s’abstenir de faire preuve de discrimination en raison de la Charte des droits et libertés de la personne. En effet, l'âge est encore le premier motif de discrimination à l'embauche. À compétences égales, un candidat-cadre senior (48-50 ans) a trois fois moins de chances d'être convoqué à un entretien d'embauche qu'un candidat âgé de 28-30 ans, selon l'Observatoire des discriminations.
Face à ce constat, Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne a voulu interpeller l’opinion publique en organisant une campagne sociétale visant à lutter contre les préjugés affectant l’embauche des personnes âgées. Pour se faire, l’organisme avait présenté une demande d’aide financière dans le cadre du programme Québec ami des aînés (QADA) du volet « Soutien à des projets nationaux et à l’expérimentation ».
Après une lecture des principaux documents disponibles sur Internet, des suggestions faites au gouvernement fédéral par le Conseil national des aînés ont influencé l’orientation de ce projet. Ces recommandations ont convaincu l’organisme d’adopter une approche plus positive en faisant « mieux connaître la valeur et les avantages découlant de la participation active des travailleurs âgés au marché du travail[2] ». Le projet de SJDP est cependant distinct, car il vise à rejoindre la population régionale et non pas seulement les employeurs.
Dans le cadre de ce projet, notre organisme a voulu appliquer des principes du marketing social pour en arriver à des changements dans les attitudes et les comportements de la population par une campagne sociétale favorisant un changement de mentalité. L’expérience de plusieurs campagnes de luttes contre la discrimination de SJDP porte à croire que c’est la radio qui est le meilleur moyen pour combattre les préjugés portant sur l’embauche des personnes âgées. Ce média a été désigné comme le plus pertinent en raison de la nécessité de la répétition dans le message. Dans le cadre de cette campagne, un message de 30 secondes aura été diffusé à 832 occasions sur les ondes des deux stations de Bell Media qui sont Rouge FM 96,9 FM et Énergie Saguenay-Lac-St-Jean 94,5.
De plus, 500 diffusions supplémentaires gracieusement offertes par Bell Média ont contribué aux gains en termes de perceptions. Un sondage pré-campagne a été réalisé afin de mesurer la prévalence des préjugés sur l’embauche des personnes âgées avant la diffusion de la campagne.
[2] http://www.conseildesaines.gc.ca/fra/recherche_publications/travailleurs_ages/page06.shtml
Campagne pour contrer les préjugés portant sur l’embauche des personnes âgées
Texte du message 30 secondes :
Narratrice :
La Charte des droits et libertés de la personne protège les travailleurs âgés contre la discrimination.
Pourtant, saviez-vous qu’il y a un travailleur sur cinq qui a déjà été victime de discrimination de la part d’un employeur?
Voie masculine :
Je le savais que j’étais plus à risque de me retrouver sans emploi!
Narratrice :
Heureusement, de plus en plus d’employeurs visionnaires engagent des travailleurs âgés comme vous, parce que vous êtes patients, fiables et avez de meilleures relations avec les clients!
Narratrice :
Selon Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne, lutter contre les préjugés et la discrimination envers les travailleurs âgés, c’est favoriser notre enrichissement collectif !
Les résultats d’une campagne sociétale visant à lutter contre les préjugés affectant l’embauche des personnes âgées sont intangibles et souvent peu visibles à court terme, il est essentiel que les actions de communication déployées par l’organisme soient accompagnées d’une évaluation fiable de son impact et de son efficacité pour réussir à diminuer les préjugés.
Un questionnaire précampagne a été élaboré par Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne et les professionnels de la firme Léger. L’outil comprenant une vingtaine de variables a fait l’objet d’une cueillette de données provenant de 400 répondants qui ont été tirés à partir du panel d’internautes de Léger. Ces Saguenéens et Jeannois ont été invités à indiquer leur degré d’accord portant sur douze énoncés sur les travailleurs âgés. Ces affirmations ont été déterminées à partir de la documentation disponible sur le site Internet du Conseil des aînés[3] et qui a été véhiculée par la suite dans la publicité radio.
[3] http://www.conseildesaines.gc.ca/fra/recherche_publications/travailleurs_ages/page06.shtml
Un deuxième sondage a été réalisé par la firme Léger toujours en étroite collaboration avec notre organisme contenait 12 énoncés portant sur les préjugés envers les travailleurs ainsi qu’une évaluation de notre campagne sociétale.
Le questionnaire d’enquête a été testé et la collecte de données a été réalisée auprès d’un échantillon de 400 répondants du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce sondage a été réalisé à partir d’un panel d’internautes une semaine après la fin de la période de diffusion officielle de notre campagne pour contrer les préjugés portant sur l’embauche des personnes âgées.
Faits saillants du sondage post-campagne
Parmi les messages clés mis de l’avant par la campagne, le fait que la discrimination des travailleurs âgés nuise à l’enrichissement collectif est celui qui a été le plus efficacement véhiculé, car ils sont 52 % à être fortement en accord avec cet énoncé, soit une augmentation de 9 % par rapport au premier sondage.
Après trois mois de diffusion de la campagne de sensibilisation sur les ondes de Rouge 96,9 et de la station Énergie 94.5, on note une légère tendance vers la diminution de la quasi-totalité des onze autres préjugés évalués.
À la lumière des données colligées, des efforts de sensibilisation restent toutefois à faire auprès des plus jeunes (18-34 ans). L’hypothèse à vérifier serait que les 18-34 ans ont souvent de la difficulté à intégrer le marché du travail, les travailleurs âgés sont donc pour eux des compétiteurs.
Rapport comparatif des sondages pré-post campagne visant à évaluer l’impact de la campagne sur les préjugés de la population portant sur l’embauche des personnes âgées.
Le rapport de recherche comprend en première partie : une description du contexte et objectif des deux sondages, la méthodologie utilisée, le profil des répondants et les faits saillants. La seconde partie porte sur les résultats détaillés dont une évolution de la prévalence des préjugés envers les travailleurs âgés ainsi qu’une évaluation de la campagne publicitaire. Les éléments étudiés dans la seconde partie du sondage sont : la notoriété de la campagne, la compréhension du message, l’appréciation générale de la campagne, la capacité de la générale de la publicité à attirer l’attention des auditeurs, la crédibilité du porte-parole de la publicité et finalement, la perception de l’efficacité.
Voir le rapport pré-campagne en PDF
PRIORITÉ : LA LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE ET L’INTIMIDATION
La maltraitance chez les aînés
Dans le but de lutter contre la maltraitance envers les aînés, les moyens utilisés par SJDP sont principalement des colloques pour former des agents multiplicateurs et des campagnes sociétales à la radio.
Son premier projet de ce type remonte en 2008 dans le cadre du programme intitulé : « Du cœur à l’action pour les aînés du Québec » qui a été suivi par la suite, de plusieurs initiatives d’impact collectif dans le cadre du programme de Soutien aux initiatives visant le respect des aînés (SIRA). En 2010, SJSP a organisé un premier colloque pour les proches aidants afin de contrer les abus financiers envers les aînés. Ce colloque a été suivi d’une première campagne à la radio sur le même thème.
Le 28 mars 2011, SJDP a réalisé un colloque intitulé : « Agir ensemble pour conter la maltraitance chez les personnes âgées en situation de handicap » grâce à l’appui de plusieurs partenaires régionaux. Cette activité a rejoint 156 agents multiplicateurs. La ministre responsable des Aînés (Marguerite Blais), le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) de l’époque (Gaétan Cousineau) et plusieurs autres personnalités ont été des conférenciers lors de cet événement. Cette activité fut une très belle réussite qui a reçu une excellente couverture médiatique.
Pour l’année 2011-2012, SJDP obtient une subvention dans le cadre du programme Québec ami des aînés (QADA). L’organisme réalise plusieurs colloques et une campagne visant à lutter contre la maltraitance chez les aînés en situation de handicap. Cette campagne se déroule dans les journaux et dans les principales stations de radio de sa région.
En 2012 son premier rendez-vous de solidarité envers les aînés des minorités sexuelles connaît une excellente couverture médiatique. Les inscriptions ont été obtenues en grande partie par des messages à la radio tout comme la clientèle pour notre nouveau service d’accompagnement aux plaintes pour les aînés à la CDPDJ. Toutes ces expériences ont démontré que c’est la radio qui est encore le meilleur moyen pour obtenir un impact collectif, car cela demande de la répétition dans le message, qui se doit d’être simple et compréhensible.
En 2015-2016, SJDP obtient un financement dans le cadre du volet expérimentation des Projets nationaux de Québec ami des aînés (QADA) et un support supplémentaire de Bell Média.
Campagne pour contrer les préjugés portant sur l’embauche des personnes âgées
La lutte contre l’intimidation
L’intimidation est une atteinte aux droits de la personne. Si dans notre entourage, nous connaissons tous et toutes au moins une personne qui a subi de la discrimination ou du harcèlement, nos défenseurs de droits de la personne sont également à risque, car alerter, c’est briser la consigne du silence, ce qui nous expose parfois à des représailles. Dans ce contexte, une bonne gestion de notre sécurité est devenue indispensable.
De plus en plus dans notre région, certains groupes d’intérêt utilisent les médias sociaux comme stratégie de diffamation coordonnée et disposent de ressources pour intimider, marginaliser et réduire au silence tous ceux ne partageant pas leurs opinions. Il devient de plus en plus nécessaire de faire une claire distinction entre les défenseurs de droits de la personne et certains activistes politiques qui se servent de certains organismes de notre communauté pour défendre leurs propres intérêts politiques.
Les défenseurs de droits de proximité font l'objet régulièrement d'intimidation provenant de différents acteurs en région. Dans le cadre du programme « Ensemble contre l’intimidation », SJDP a bénéficié d’une subvention du gouvernement du Québec pour son projet « Dire non à l'intimidation des défenseurs de droits ». Ce projet se base sur les travaux de spécialistes œuvrant sur le plan international à la protection des défenseurs de droits. Le but ultime de la démarche étant d’offrir les outils indispensables aux organismes en défense de droits en région pour leur permettre la création de leur plan de sécurité organisationnel afin de mieux affronter les menaces et les intimidations.
En raison de sa mission, Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne a déjà fait l’objet de tentatives d’intimidation dans le passé. De plus, l’organisme a reçu au cours des ans, certains signalements d’actes d’intimidation, d’entraves à la liberté de mouvement, de diffamations et de harcèlement perpétrés en l’encontre de certains autres militants. Il faut comprendre que le travail des défenseurs de droits en région peut avoir des répercussions négatives sur les intérêts de certains milieux, ce qui en retour peut les mettre en danger.
Bien sûr, cela n’a rien d’exceptionnel, toutes les personnes et tous les groupes sont vulnérables dans une certaine mesure, mais les défenseurs de droits humains en région sont beaucoup plus vulnérables en raison de la proximité. Afin de réduire le danger à des niveaux acceptables, c’est-à-dire pour assurer notre protection, il nous faut une analyse de nos vulnérabilités et de nos capacités, car notre profil évolue et change au cours du temps.
Dans notre région, très peu de défenseurs des droits humains ont une formation sur la sécurité et le développement de capacités. En général, les défenseurs des droits humains protègent les autres tout en négligeant leur propre sécurité. Il est essentiel pour nous qui œuvrons en faveur des droits de la personne de prendre conscience de l’importance de la sécurité pour nous-mêmes et pour les personnes avec qui nous travaillons.
La recommandation de faire bien attention ne suffit pas, il est nécessaire pour les défenseurs de droits de la personne de mettre en œuvre des stratégies de sécurité globales et dynamiques dans leur quotidien tout en veillant que ces stratégies n’occasionnent pas des problèmes de sécurité plus grands que ceux auxquels ils étaient censés répondre. Une meilleure gestion de notre sécurité à tous est donc capitale.
Dans le but d’habiliter ses membres à mieux agir face à l’intimidation, certains militants de Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne ont suivi avec succès, une formation de 60 heures en ligne de « Protection International ». L’idée étant de bénéficier de plusieurs formateurs pour le projet.
Le manuel de formation auquel nous avons travaillé est basé sur le cours en ligne de Protection International et deux publications de Front Line intitulées : Mesures pratiques pour les défenseurs des droits humains en danger (Anne Rimmer) et le Manuel de protection pour les défenseurs des droits humains (Enrique Eguren). L’utilisation des informations contenues dans ces deux manuels et la formation en ligne nous a permis de produire un manuel de formation illustré de 51 pages. L’utilisation des informations contenues dans ce manuel nous permet de faire face à plusieurs problèmes de sécurité organisationnels afin de mieux travailler pour défendre les droits de la personne.
PRIORITÉ : LA LUTTE CONTRE LES PRÉJUGÉS ENVERS LES PAUVRES
Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne avait déjà identifié comme action prioritaire la lutte contre les préjugés envers les pauvres. le Centre de recherche en droit public du Québec a réalisé en juin 2015 une enquête pour le compte de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui a démontré que les Québécois ont une opinion bien moins favorable des prestataires de l’aide sociale (51 %) que des personnes de couleur (88 %) ou d’une autre origine ethnique (76 %).
Sans aucun financement, Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne a cependant réalisé une première campagne pour lutter contre les préjugés envers les pauvres à la radio. Pour cette réalisation, nous avons eu une commandite en publicité de Bell Média.
Voir le manuel de formation en pdf
Texte du message de 20 secondes
Narratrice :
Les préjugés envers les assistés sociaux sont nombreux. De l’aveu même du gouvernement, plus de 99 % déclarent tous leurs revenus et les trois quarts participeront à une mesure d’emploi.
Au-delà des préjugés, il y a la réalité! Combattre nos préjugés c’est lutter contre la pauvreté! »
Un message de Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne.
PRIORITÉ : LA SURVEILLANCE DE LA PERFORMANCE DE LA CDPDJ
Depuis quelques années, les différents intervenants de SJDP ont remarqué une baisse importante de la performance de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). L’organisme a réalisé la compilation de certaines données des rapports d’activité et de gestion de cette institution pour les années 2004 à 2016.
Il ressort de l’analyse des différents rapports de la CDPDJ que les retards ne cessent de s’alourdir : un dossier qui prenait 324 jours à traiter en 2012-2013 en prend 449, trois ans plus tard. Sous la présidence de Jacques Frémont, la CDPDJ a connue des résultats plus que décevants. Jamais n’avions-nous vu autant de dossiers fermés sans mesure de redressement (622 en 2015-2016) ni autant de désistement de plaignants dans les dossiers d’enquête (227 en 2015-2016). De plus, si la Commission donnait en moyenne 334 séances de formation par année pour la période étudiée, l’an dernier, il ne s’en est donné que 63.
Les conditions d’exercice des droits existants reconnus dans la Charte des droits et libertés de la personne s’exercent par un mécanisme de recours particulier en cas de discrimination fondée sur l’un des motifs interdits. Si une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) peut aboutir éventuellement devant le Tribunal des droits de la personne, cette option n’a été utilisée qu’en moyenne 46 fois au cours de 2004 à 2016.
Selon SJDP la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a connu une sous-performance au cours des dernières années. La faible représentation de la DPDJ en région, l’augmentation des délais de traitement des dossiers et son manque de transparence ne sont que quelques éléments qui nous font affirmer que cette institution n’assume plus un rôle de leadership dans la promotion et la défense des droits de tous.
PRIORITÉ : LA LUTTE CONTRE LES PRÉJUGÉS ET LA DISCRIMINATION ENVERS LES LGBT
Dans notre région, l’homophobie s’apparente encore à un mélange de rejet de la différence, de formes d’ignorance et de préjugés sur l’homosexualité. L'équipe de SJDP a remarqué un manque de motivation des intervenants du réseau de la santé et des services sociaux concernant les préjugés, la discrimination et la problématique de la violence chez les minorités sexuelles. Pourtant la littérature confirme que les personnes des minorités sexuelles font face à des obstacles particuliers dans l’accès aux services de santé. De plus, elles peuvent également faire face à de nombreuses difficultés d’origine culturelle, structurelle ou psychosociale comme celles vécues par les Autochtones LGBTQ.
Tant et aussi longtemps qu’existera dans notre région cette homophobie larvée chez de nombreux travailleurs sociaux et autres intervenants communautaires, il sera difficile d’apporter de véritables solutions aux problèmes spécifiques des personnes LGBT. De plus, le nouveau Plan d’action régional de santé publique n’a pas prévu de nouveaux projets pour les besoins spécifiques de la clientèle LGBT.
Le principal défi selon l’équipe de SJDP est de mobiliser la population, l'ensemble des organismes communautaires de la région et les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, afin de répondre aux besoins spécifiques de la clientèle LGBT. Par exemple, afin d’améliorer la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes homosexuels, il ne faut pas intervenir seulement auprès de l’individu, mais aussi auprès de l’entourage, des intervenants, des organismes de la communauté et de l’ensemble de la communauté. De plus, la lutte contre la violence sexuelle affectant les personnes LGBT est également une problématique qui doit interpeller l'ensemble des intervenants œuvrant auprès de cette clientèle.
Il est également urgent de sensibiliser la population régionale aux réalités et aux besoins que peuvent vivre les personnes LGBT. Des efforts supplémentaires sont nécessaires afin d'assurer aux personnes LGBT une meilleure accessibilité à des services appropriés à leurs besoins. Pour l'équipe de SJDP, il faut intervenir sur deux fronts à la fois. Il est nécessaire de rejoindre les intervenants en santé et services sociaux dans le but de promouvoir une adéquation des services destinés aux minorités sexuelles et rejoindre la population par le moyen d’une campagne sociétale à la radio.
Activité éducative pour lutter contre la discrimination et les préjugés envers les LGBT
Le Rendez-vous de solidarité envers les minorités sexuelles a eu lieu le 25 mars 2017. Ce colloque a porté sur trois thèmes : le coming out, l’homoparentalité et la discrimination portant sur « l’identité ou de l’expression de genre » dans la Charte des droits et libertés de la personne. Plus d’une soixantaine de participants ont assisté à ce colloque, mais son apport principal est sa contribution à la sensibilisation d'une partie importante de la population régionale, en raison de la couverture médiatique.
En effet, le colloque a fait l’objet d’une large couverture des différents médias du Saguenay-Lac-Saint-Jean. De plus, les participants ont apprécié le jumelage des témoignages personnels avec les conférences de spécialistes.
Document de réflexion sur les conditions d’exercice des droits existant pour les LGBT
Un document de réflexion[4] a été produit par SJDP dans le cadre de la consultation publique portant sur le futur « Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2017-2022 ». Le premier enjeu identifié par SJDP lors de cette consultation est que le maintien des acquis pour les droits des personnes lesbiennes, gais, bisexuelles et transsexuelles (LGBT). Selon l’organisme, il ne peut se maintenir que si toutes les différentes composantes de notre société adoptent des valeurs communes en faveur des minorités sexuelles.
Le fait que l’immigration soit une compétence partagée entre les deux paliers de gouvernement amène SJDP a identifié comme deuxième enjeu, la priorisation de l’immigration pour les réfugiés LGBT provenant des pays les plus répressifs. En effet, 81 pays pénalisent encore l’homosexualité, 21 prévoient dix ans de prison et plus, sept condamnent à la prison à vie et neuf autres appliquent la peine de mort.
La suggestion de prioriser l’immigration des réfugiés n’a pas eu un accueil favorable de la part de la ministre de la Justice, il n’a donc pas été retenu dans le plan d’action gouvernemental visant la lutte contre l’homophobie et la transphobie 2017-2022. Heureusement, nous avons appris que le Canada accueille depuis mai 2017 des réfugiés homosexuels tchétchènes dans le plus grand secret grâce à un programme clandestin unique au monde.
Sur le plan interne, SJDP pense que le débat doit se déplacer au niveau fédéral, car certains groupes religieux fondamentalistes bénéficient encore de l’impunité juridique pour l’appel au meurtre des homosexuels, en se servant du troisième paragraphe (3) b de l’article 339 du Code criminel.
[4] Saguenéens et Jeannois pour les droits de la personne, Document de réflexion portant sur la consultation publique de lutte contre l’homophobie et la transphobie, 20 juillet 2016, 7p.